Extrait "Plus jamais ça !"

24 juillet 2002
"Je me souviendrais toujours de ce jour là. C’était un mercredi. Il faisait beau. La journée s’annonçait bien. Rien ne laissait présager qu’un drame allait survenir.
 
Mon père avait rendez-vous avec son cardiologue. C’était une visite de contrôle. Peu de temps avant, mon père avait subi une opération pour se faire poser un pacemaker et, régulièrement, son cardiologue le suivait pour voir si tout allait bien. Je crois qu’il s’agissait de son deuxième rendez-vous de contrôle. Il avait rendez-vous l’après-midi. Comme il ne pouvait plus conduire, c’est ma mère qui l’a accompagné à son rendez-vous.
 
Le matin, tout allait bien. Mon père était plutôt joyeux ce jour là. Ces derniers temps, ce n’était pas souvent car il s’énervait souvent à cause de ses problèmes de santé, sans doute. Deux semaines avant ce jour, je me souviens que mon père avait fait un malaise alors qu’on était chez des amis. Ce moment m’a bouleversé car il m’avait disputé quelques minutes avant parce que j’embêtais mes deux petites sœurs. Je me suis senti coupable. La copine de ma mère chez qui on était invité est venue me voir en me disant que ce n’était pas de ma faute mais je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir coupable. L’ambiance, pourtant bon enfant avant cet incident, est tout de suite redescendu. L’atmosphère était pesante. On attendait tous des nouvelles de ma mère qui était parti avec l’ambulance pour accompagner mon père. Pendant ce temps là, on est resté chez les voisins. Plusieurs longues minutes plus tard, ma mère appelle sa copine pour lui dire que tout allait bien et que mon père allait s’en sortir. Il est rentré quelques jours plus tard et son cardiologue lui a dit d’éviter les situations stressantes. Avec encore 6 enfants à la maison, ça semblait difficile. Il fallait faire des efforts. Je me souviens qu’on s’est tous attelé à faire des efforts pour que mon père ne soit pas énervé ou stressé.
 
Puis, ce jour du 24 juillet 2002 est arrivé. Un jour aux abords ordinaires. Il faisait beau. L’après-midi, mon père avait une visite de contrôle chez son cardiologue. Ma mère l’a emmené accompagnée d’une de mes sœurs et d’un de mes frères. Moi, je suis resté à la maison avec un autre de mes frères et une autre de mes sœurs. Ma dernière sœur a décidé de sortir avec son copain de l’époque.
 
Je ne me rappelle plus à quelle heure précise mon père avait rendez-vous avec son cardiologue. Ils sont partis en début d’après-midi, il me semble. Je jouais à la console dans ma chambre. Ma petite sœur jouait dans sa chambre et mon frère est resté dans la salle, assis, comme d’habitude.
 
Le rendez-vous de mon père avait lieu à Falaise, dans l’hôpital où je suis né. Cette ville se situe à une quinzaine de kilomètres de Maizières, là où j’habitais. Il faut environ 20 minutes pour s’y rendre.
 
A peine une heure après le départ, le téléphone de la maison sonne. Mon frère a répondu. C’était ma mère qui lui a dit qu’on devait se rendre chez des voisins et qu’elle nous rejoignait. Je ne voulais pas y aller, trop occupé à jouer à la console. J’étais loin de m’imaginer que quelque chose s’était produit. J’étais totalement insouciant. Mon frère et ma petite sœur ont insisté pour que je vienne mais je ne voulais pas.
 
Quelques minutes plus tard, ma mère est arrivée à la maison. Elle était seule. Mon frère et ma sœur qui l’accompagnaient n’étaient pas non plus avec elle. A ce moment là, j’ai senti que quelque chose s’était produit. J’ai eu un mauvais pressentiment. J’ai tout de suite pensé à un accident de voiture et que mon père, ma sœur et mon frère étaient à l’hôpital. Malheureusement, c’était pire que ça.
 
Une fois rentrée dans la maison, ma mère nous a expliqué que mon père avait fait un malaise lorsqu’ils sont arrivés à l’hôpital. Malgré les tentatives de réanimation des médecins, ils n’ont rien pu faire. J’ai compris que je ne reverrais plus mon père vivant. Après les explications de ma mère, j’étais déboussolé.
 
Je suis allé chez les voisins où on devait aller auparavant. J’y ai retrouvé ma sœur et mon frère qui avaient accompagné ma mère et mon père. Je n’ai pas vu, sur le coup, ma sœur qui était avec son copain mais je sais qu’elle était au courant de cette triste nouvelle. D’ailleurs, lorsqu’on m’a dit qu’elle était au courant, j’ai demandé si elle avait pleuré. Avec le recul, je me rends compte que cette question est idiote car comment ne pas avoir de chagrins après ça ? J’étais naïf, je pense.
 
Ma mère a appelé tout le monde pour leur annoncer la nouvelle. Le soir, son frère, une de mes cousines, ma grand-mère, ma sœur et son mari étaient descendus. C’est le pire moment de ma vie.
 
Je n’ai pas vu le corps sans vie de mon père car ma mère ne voulait pas. Elle ne voulait pas nous traumatiser encore plus qu’on ne l’était déjà. Je n’ai pas voulu me rendre à la cérémonie religieuse. Je n’ai donc pas dit un dernier au revoir à mon père."

 

Sortie officielle de « Plus jamais ça ! », le 3 mars 2014
 

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